Pendant plus de 10 ans, Prestashop a été une solution solide. La version 1.6, malgré ses limites techniques (lenteur due à Smarty, surcharge serveur, debug approximatif), offrait un équilibre entre simplicité, personnalisation, et autonomie. Chez Novatis, nous avons accompagné des centaines de clients sur cette version, avec des boutiques fonctionnelles pendant plus de 8 ans sans aucun besoin de maintenance lourde. À cette époque, Prestashop remplissait sa promesse : un CMS e-commerce open-source, français, stable.
Mais à partir de la version 1.7 (sortie officielle en novembre 2016), tout a basculé. Cette nouvelle mouture, annoncée comme une refonte “moderne”, imposait en réalité une reconstruction complète des sites existants. La migration depuis la 1.6 n’était ni fluide, ni possible sans tout casser : thèmes incompatibles, modules obsolètes, base de données à réécrire. La promesse d’évolution est devenue un chantier technique.
Pire : avec la version 8 (lancée fin 2022), le même schéma s’est répété. Refonte obligatoire, modules incompatibles, bugs à la chaîne. À ce rythme, un commerçant souhaitant “rester à jour” devrait refaire son site tous les 2 à 3 ans, soit un cycle qui transforme un projet web en abonnement déguisé à la douleur.
🎯 Étude de cas : un de nos clients, actif dans le secteur du textile, a investi 9 300 € dans une refonte PrestaShop 1.6 vers 1.7 en 2019. En 2023, Prestashop 8 rend son site obsolète : incompatibilités critiques, modules expirés, mises à jour impossibles. Le client a fini par tout abandonner pour un site WooCommerce, bien plus souple et moins coûteux à maintenir.
Cette stratégie n’est pas un accident. C’est un modèle économique dissimulé derrière une fausse gratuité : chaque nouvelle version majeure détruit l’historique, efface la stabilité, et force à racheter thème, modules, développement, expertise. Prestashop ne maintient pas votre site. Il le rend obsolète à chaque évolution.
Et ce n’est que le début.
Mise à jour = Refonte totale : une évolution qui détruit
Dans la majorité des CMS modernes, une mise à jour signifie progrès : correction de bugs, sécurité renforcée, nouvelles fonctionnalités. Dans l’univers Prestashop, chaque mise à jour est une loterie à quatre chiffres. Rien ne garantit que le site fonctionnera après. Au contraire, à chaque saut de version, vous êtes condamné à tout recommencer.
Un exemple récent : la migration de la version 8.0.1 vers 8.0.2 — censée être mineure — a provoqué des pannes en cascade sur des sites en production. Pourquoi ? Car même les modifications les plus anodines sur le cœur de Prestashop peuvent casser des modules essentiels (paiement, livraison, SEO…), sans aucun avertissement ni plan de rollback propre.
Selon une analyse croisée de GitHub et du forum Prestashop, plus de 40 % des modules natifs ou premium génèrent des conflits dès qu’un override est actif, même sur des versions proches.
Et c’est là que l’enfer commence : les overrides. Prestashop autorise les modules à “surcharger” les classes natives. En théorie, cela offre de la flexibilité. En pratique, c’est une véritable bombe à retardement. Un override d’un module entre en conflit avec un autre ? Résultat : le site plante. Un module est mal codé ? Il peut écraser une classe entière. Et surtout : même si l’installation échoue, Prestashop garde des traces.
Le piège silencieux : supprimer un module ne le supprime pas réellement. Il laisse des entrées dans la base de données (ps_hook_module, ps_module, ps_configuration, etc.). Il laisse des fichiers override dans le cœur (/override/classes/, /override/controllers/, etc.). Il modifie parfois les hooks sans les restaurer.
Résultat : vous pensez avoir désinstallé un module, mais il continue d’agir dans l’ombre. Et quand un développeur tiers reprend le projet, il met parfois des jours à comprendre pourquoi certaines pages génèrent des erreurs fatales sans explication.
Et cela n’est documenté nulle part. Il n’existe aucun outil Prestashop officiel pour nettoyer proprement une désinstallation. Il faut fouiller la base de données, supprimer manuellement les overrides, et espérer ne pas casser autre chose au passage.
Vous achetez un module. Il crée un conflit. Vous le supprimez. Il laisse des dégâts. Vous payez un développeur pour nettoyer. Vous achetez un autre module. Et Prestashop touche des commissions à chaque étape.
Le vrai business de Prestashop : la rente sur la casse
Prestashop se présente encore comme un projet open-source, gratuit, communautaire. Mais derrière cette façade, tout est pensé pour générer un flux continu de revenus… non pas via un abonnement explicite, mais par une dépendance imposée à son écosystème.
Ce n’est pas un modèle open-source vertueux. C’est un système à commission, structuré autour de la casse programmée.
Chaque site e-commerce construit sur Prestashop doit passer par trois canaux essentiels : un thème, des modules, et un prestataire pour l’intégration ou les corrections. Prestashop touche une commission sur presque tous les achats réalisés sur sa marketplace officielle. C’est là que se trouve la vraie rentabilité : pas dans le CMS lui-même, mais dans les modules et thèmes nécessaires à son bon fonctionnement.
Lorsque vous achetez un module à 79 €, Prestashop en prélève une part directe. Si vous êtes obligé de le racheter après une mise à jour, ce n’est pas un accident. C’est le système. Idem pour les thèmes, dont la durée de vie est limitée par les changements fréquents du moteur de rendu.
Pire encore : certains modules officiels proposés sur la marketplace sont conçus pour répondre à des besoins de base, mais volontairement limités. Pour accéder aux fonctionnalités réellement utiles (comme une gestion avancée des déclinaisons ou une configuration fine du transporteur), il faut acheter des versions dites « Pro », ou empiler les modules complémentaires. Le coût final dépasse rapidement plusieurs centaines d’euros.
Autre levier bien connu : les éditeurs de modules proposent des “abonnements de mise à jour”, parfois annuels, sous prétexte de support technique. Or, ces mises à jour sont souvent imposées par les évolutions internes de Prestashop, qui modifie régulièrement son cœur de manière non rétrocompatible. En d’autres termes, le client n’achète pas un module, il loue sa compatibilité temporaire avec le système.
Ce modèle est si bien rôdé qu’il rend toute tentative de développement sur-mesure risquée. À moins de désactiver les overrides, recoder manuellement les hooks et passer hors-marketplace, vous restez enfermé dans la logique Prestashop : acheter, casser, racheter.
Le scandale des modules Prestashop
La promesse de Prestashop repose en grande partie sur la richesse de son écosystème de modules. Théoriquement, tout est personnalisable grâce à des extensions prêtes à l’emploi : SEO, transport, paiement, fonctionnalités avancées… En pratique, ce système est l’un des plus instables et opaques du marché.
Le premier problème : la qualité inégale des modules. Prestashop ne teste pas sérieusement les extensions proposées sur sa marketplace. N’importe quel développeur peut soumettre un module, le faire valider avec des tests superficiels, puis disparaître. Résultat : des centaines d’extensions sont vendues chaque jour alors qu’elles ne sont plus maintenues, contiennent des erreurs critiques ou ne sont compatibles qu’avec une version très précise du CMS.
Deuxième problème : la fragilité structurelle. Certains modules se contentent d’ajouter une simple fonctionnalité, mais injectent du code dans le cœur même du CMS via des overrides mal conçus. Il suffit alors d’une mise à jour mineure de Prestashop ou d’un autre module pour provoquer des conflits majeurs : plantage de la page produit, défaillance du tunnel de commande, bugs d’affichage, ou même perte de données.
Troisième problème : la multiplication inutile des dépendances. Là où un CMS moderne comme Sylius ou Shopware permet d’intégrer proprement une logique métier dans le cœur du projet, Prestashop pousse à empiler les modules pour compenser les lacunes de la structure native. Le moindre besoin spécifique devient un achat supplémentaire. Et plus on ajoute de modules, plus les risques de conflit et les temps de chargement explosent.
Un cas fréquent : un module de paiement parfaitement fonctionnel sur Prestashop 1.7.8 devient inutilisable sur 8.0. Même si la version est “mineure” selon la numérotation, les changements internes non documentés cassent la compatibilité. Le module plante, et l’éditeur vous invite à racheter une nouvelle licence “compatible”, sans support de l’ancienne. Si vous avez cinq modules critiques, c’est l’ensemble du site qui devient inutilisable.
Pire encore, certains modules modifient la base de données sans procédure de rollback. Une fois installés, ils ajoutent des tables ou des colonnes sans contrôle. Si vous les supprimez, la base reste polluée. Cette pratique viole les principes de base du développement logiciel, mais elle est monnaie courante dans l’écosystème Prestashop.
En résumé, la marketplace de Prestashop est devenue une zone grise : une vitrine commerciale déguisée, où l’objectif est de vendre le plus de modules possible, sans se soucier des conséquences sur la stabilité globale des projets.
Ce système n’est pas conçu pour durer. Il est conçu pour vendre, casser, et revendre.
Le badge « Expert Prestashop » : du marketing pur
À première vue, le label « Expert Prestashop » inspire confiance. Il suggère une sélection rigoureuse, une validation technique, une maîtrise reconnue du CMS. En réalité, ce badge n’est rien d’autre qu’un produit d’abonnement vendu par Prestashop, sans aucune garantie de compétence réelle.
Pour obtenir ce titre, il ne faut ni passer une certification complexe, ni prouver un historique de projets solides. Il suffit de s’abonner au programme “Partenaire officiel” pour 100 € par mois, puis de répondre à un questionnaire automatisé à choix multiples. Aucune évaluation de code, aucun audit de projet, aucun test réel de niveau. Une agence web ou un freelance peut n’avoir jamais développé un seul module Prestashop en production et obtenir quand même le badge “Expert”.
Ce modèle ne vise pas à récompenser l’expertise. Il vise à générer des revenus. L’objectif est clair : monétiser un titre qui rassure les clients et crédibilise artificiellement des profils parfois totalement inexpérimentés.
En parallèle, Prestashop entretient volontairement la confusion entre les développeurs réellement compétents, souvent critiques envers la plateforme, et ceux qui s’en tiennent à la ligne officielle. Ce badge devient alors un outil de marketing inversé : les vrais experts sont en dehors du système, tandis que le marché est inondé de “certifiés” peu qualifiés.
Pour les clients, le danger est réel. Beaucoup font appel à un soi-disant “Expert Prestashop” pour développer ou corriger un site, et découvrent trop tard que le badge ne protège en rien contre les erreurs de conception, les conflits de modules ou les mauvaises pratiques de développement. Pire : en cas de problème, ni Prestashop ni le badge ne garantissent quoi que ce soit.
Ce badge n’est pas une reconnaissance. C’est une publicité payante. Et tant que ce système perdurera, il entretiendra une illusion de compétence qui dessert toute la communauté e-commerce.
Prestashop n’est plus open source dans l’esprit
Prestashop continue d’afficher le label open source comme un argument marketing. Le code est accessible, modifiable, hébergé sur GitHub, et chacun peut théoriquement le télécharger pour en faire ce qu’il veut. Mais dans les faits, l’esprit de l’open source a disparu depuis longtemps.
L’open source repose sur trois principes fondamentaux : la liberté, la collaboration, et la pérennité. Aucun de ces piliers n’est respecté aujourd’hui dans la gouvernance de Prestashop.
Premièrement, la liberté. Un CMS open source donne aux développeurs la possibilité de créer librement, d’adapter la structure à leurs besoins, et de maintenir leur propre projet dans le temps. Prestashop, au contraire, pousse systématiquement à la dépendance. Les mises à jour cassent l’existant. Les modules ne sont pas réutilisables. La moindre évolution impose d’acheter à nouveau des éléments déjà acquis. On ne parle plus de liberté technique, mais d’une chaîne de dépendance commerciale.
Deuxièmement, la collaboration. La communauté Prestashop est toujours active, mais ses contributions sont de plus en plus marginalisées. Le code évolue selon des décisions internes, sans feuille de route publique fiable, ni réelle consultation. Les pull requests sont traitées lentement, parfois ignorées. Certaines parties du cœur sont devenues opaques, difficiles à étendre ou à corriger. De nombreux développeurs expérimentés ont cessé de contribuer, découragés par la complexité croissante et le manque de transparence.
Troisièmement, la pérennité. Un bon CMS open source construit sa valeur sur la continuité. Chez Prestashop, chaque nouvelle version semble conçue pour rompre avec la précédente. Il n’existe aucune politique de rétrocompatibilité fiable, aucun engagement clair sur la stabilité à long terme. Ce choix détruit la confiance des agences et des marchands. Investir dans un projet Prestashop, c’est accepter que le socle technique devienne obsolète en moins de trois ans.
L’open source ne se résume pas à publier du code. C’est une philosophie de développement durable, d’autonomie, d’évolutivité. Prestashop, en 2025, s’en est écarté. Il reste techniquement open source, mais il fonctionne comme un produit commercial fermé, pensé pour générer des ventes plutôt que de soutenir une communauté.
Quelles alternatives sérieuses à Prestashop en 2025 ?
Face aux limites structurelles de Prestashop, de nombreuses entreprises cherchent aujourd’hui une solution plus moderne, plus fiable, et surtout plus évolutive. Voici une sélection d’alternatives robustes, testées et validées dans des projets concrets, avec leurs points forts et leurs cas d’usage idéaux.
1. Sylius
Basé sur Symfony, Sylius est aujourd’hui la référence en matière de e-commerce sur mesure. Il s’adresse aux projets ambitieux qui nécessitent de l’agilité, une architecture propre et un haut niveau de personnalisation.
- Architecture moderne, découplée, pensée API-first.
- Facilement intégrable avec des ERP, PIM, CRM ou services tiers.
- Très bien documenté, logique DDD (domain-driven design).
- Idéal pour les projets B2B, marketplaces, configurateurs de produit, etc.
Inconvénient : nécessite de vrais développeurs Symfony et une équipe technique solide. Ce n’est pas une solution clé en main, mais une base technique haut de gamme.
2. Shopware (Community Edition)
Originaire d’Allemagne, Shopware connaît une forte croissance en Europe. Il propose une alternative sérieuse à Prestashop, plus moderne, plus intuitive, et beaucoup mieux pensée pour l’avenir.
- UX admin moderne, interface soignée.
- Front-end basé sur Vue.js, compatible headless.
- Très bonne gestion multilingue et multi-devise.
- Connecteurs puissants vers PIM, ERP, marketplaces.
Moins connu en France pour l’instant, mais de plus en plus adopté dans les projets e-commerce structurés.
3. WooCommerce
Pour les projets de petite ou moyenne envergure, WooCommerce reste une excellente option. Adossé à WordPress, il combine flexibilité, simplicité, et très bonne compatibilité SEO.
- Idéal pour lancer rapidement une boutique avec un budget maîtrisé.
- Écosystème gigantesque, plugins disponibles pour tous les besoins.
- Facile à maintenir, à optimiser, et à faire évoluer.
Limite : au-delà de 1500 produits ou de logiques métiers complexes, il devient nécessaire de prévoir des optimisations techniques avancées.
4. Drupal + Drupal Commerce
Cette solution s’adresse aux institutions, entreprises publiques ou projets métiers exigeants en matière de sécurité, de logique métier et de structuration de contenu.
- CMS robuste, très sécurisé, utilisé par des gouvernements et des grands groupes.
- Drupal Commerce permet de gérer des logiques complexes sans tout recoder.
- Recommandé pour les projets avec des besoins multilingues, multisites ou à forte logique éditoriale.
Inconvénient : courbe d’apprentissage raide, nécessite une équipe expérimentée.
Toutes ces solutions ont un point commun : elles ne vous enferment pas dans un écosystème fermé. Elles évoluent avec votre projet, au lieu de le ralentir. Le choix du CMS e-commerce doit toujours se faire en fonction de votre besoin réel, de votre structure technique, et de votre vision à long terme.
Conclusion : choisir Prestashop en 2025, en toute connaissance de cause
Chez Novatis, nous avons travaillé avec Prestashop depuis ses débuts. Nous avons vu le CMS évoluer, se transformer, et parfois s’alourdir. Nous avons accompagné des dizaines de clients sur ce CMS, avec des réussites durables… mais aussi avec des déconvenues coûteuses, techniques, et parfois imprévues.
L’objectif de cet article n’est pas de discréditer Prestashop. Il s’agit de partager un retour d’expérience honnête, fondé sur plus de 15 ans de terrain, pour alerter sur les pièges potentiels et aider les entreprises à prendre des décisions éclairées.
Prestashop reste une solution e-commerce utilisée par des milliers de marchands. Il est encore possible de créer de bons projets avec ce CMS, à condition de bien comprendre ce que cela implique : coûts indirects, dépendance à l’écosystème, maintenance technique plus lourde que sur d’autres plateformes, et vigilance permanente sur la compatibilité des modules.
Dans certains cas, Prestashop peut toujours répondre à un besoin précis, surtout si le site est déjà existant, ou si le client le demande explicitement. Mais pour un projet neuf, nous recommandons aujourd’hui d’envisager des alternatives plus modernes, plus ouvertes et plus prévisibles à long terme.
Ce que nous défendons, ce n’est pas une technologie. C’est une vision du web plus saine, plus stable, et plus respectueuse du temps et du budget des clients.




